La pratique musicale en amateur
Enjeux humain, politique, économique
- Vendredi 12 et samedi 13 novembre
2 jours de partage d'expérience et de rencontre
A la croisée des disciplines artistiques et des publics, ces deux journées nous ont plongé au coeur de la pratique musicale en amateur, un sujet dense pour lequel nous avons apporté différents éclairages, grâce à des témoignages scientifiques, sociologiques, politiques, avec des observations de pratiques et des mises en situation, de la recherche appliquée et des données interactives.
Si la réalité de cette pratique d'un territoire à l'autre est diverse, le monde des amateurs est un véritable écosystème, il façonne le visage de la société, alimente la pratique artistique des professionnels et a une incidence sur la construction des politiques publiques.
Publics : élus et institutions, encadrants et chercheurs, choristes et instrumentistes, professionnels et amateurs
Témoignage politique - Anne-Marie Jean
Grand témoin - Jean-Michel Lucas
Animation - Jean-Pierre Seyvos
Introduction à Wicri - Bibliothèques numériques pour les musiciens amateurs. Des wikis pour les choristes.
Nous présenterons le réseau Wicri, réseau de wikis pour gérer des bibliothèques numériques alimentées par des scientifiques à l'intention de la société. L'un d'entre eux est dédié à la musique, en ciblant notamment les choristes curieux. Un autre rassemble des médiévistes, des philologues et des musiciens autour de la chanson de Roland.
Ernest Laurent : un négociant en vin montbéliardais dans l'orchestre du festival de Bayreuth de 1876.
Ernest Laurent (1839-1902) fut le seul musicien français qui soit venu participer à la création de la Tétralogie de Wagner, Der Ring des Nibelungen, au premier Festival de Bayreuth de 1876. Ce violoncelliste était venu apporter bénévolement son concours : il n'était pas un musicien professionnel, mais un « amateur » fortuné, négociant en vin à Montbéliard. Quinze ans plus tard, le même Ernest Laurent serait le créateur en France du Concerto pour Piano d'Edvard Grieg, lors d'un concert mémorable au Grand Théâtre de Bordeaux, tenant cette fois-ci la redoutable partie de piano solo. A la fois "Amateur", "Virtuose" et "Militant de la cause de la Musique de l'Avenir", Ernest Laurent offre une image à la fois singulière et exemplaire de la pratique musicale des amateurs en France au XIXe siècle.
L'amateur entre fortune, patronage et bricolage
Depuis son émergence au XVIIIe siècle, l'amateur peut s'inscrire dans trois positions (combinables) : le divertissement, manifestation du désintéressement, l'engagement, manifestation d'un patronage et le bricolage, manifestation d'une résistance ambigüe à la culture savante.
Diriger des amateurs, une affaire de professionnels
Dans son acception contemporaine, la notion d'amateur est définie par opposition à celle de professionnel. Pour autant, amateurs et professionnels ne vivent pas en vase clos. Le flou et la porosité des frontières qui les séparent invitent à se pencher sur leurs relations. Nous traiterons cette question en étudiant l'encadrement des groupes amateurs de musique d'ensemble. Le parcours et le profil des professionnels qui encadrent ces pratiques sont révélateurs de la structure des univers musicaux contemporains et de la place qui y est accordée aux amateurs.
"Aux amateurs de la noble science de Musique". Nouveaux acteurs et pratiques musicales au XVIe siècle.
Jacques Barbier interroge les sources musicales manuscrites et imprimées, les traités et quelques oeuvres sacrées et profanes de la Renaissance afin de confirmer l'émergence de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques musicales. Il confirme ainsi, à côté des musiciens professionnels, la présence nouvelle de musiciens amateurs dont la pratique est considérée comme "le passe-temps le plus doux" ; une vision inspirée de l'humanisme ambiant dans l'Europe du seizième siècle mais surtout une nouvelle clientèle recherchée et choyée par l'activité alors en plein essor des principaux imprimeurs de musique.
La sociabilité des amatrices au salon : l'opéra genré du Magasin des demoiselles (1854-1880)
De 1854 à 1880, le Magasin des demoiselles, l'un des premiers périodiques féminins en France, publie un opéra de salon annuel pour ses abonnées. Destiné à l'espace semi-privé du salon bourgeois, l'objet culturel du périodique est genré : tous les rôles et emplois de cet opéra-comique en réduction sont féminins. Nous scrutons ces caractéristiques au prisme de trois oeuvres de la collection – La Cigale et la fourmi, La Dame de compagnie de F. Poise, La Fille du golfe de L. Delibes.
Entre sous-professionnel et amoureux de la musique, l'ambiguïté du mot “amateur” témoin de notre difficulté à définir notre relation à la musique.
L'émergence du statut de musicien professionnel contemporain à partir du XIXe siècle et la mystification du rôle de virtuose et du génie créateur issue de la philosophie continentale à la même époque engendra par voie de conséquence un vide pour nommer et définir une réalité de la vie musicale : celle des pratiques musicales non professionnelles. Ce vide pour nommer ce qui n'est pas est actuellement comblé par un terme paradoxalement positif : celui d'« amateur » désignant alors celui qui aime la musique. Il nous semble alors important d'aborder ce paradoxe linguistique, source des difficultés d'analyse des pratiques musicales au sein de la dichotomie « professionnel et amateur », afin de mettre en lumière une question beaucoup plus philosophique mais néanmoins cruciale pour l'étude de la musique et pour son organisation politique : celle du rapport de l'homme à la musique que nous nommons « rapport esthétique ».
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- Témoignage politique - Anne-Marie Jean
Anne- Marie Jean est conseillère municipale déléguée en charge des pratiques culturelles en amateur à la ville de Strasbourg et vice-présidente Emploi, formation, économie durable, transition écologique des entreprises, commerce, artisanat, tourisme durable de l'Eurométropole de Strasbourg. Après sa formation à HEC, elle a effectué un parcours de cadre, cadre supérieur et dirigeante en entreprises. Parallèlement, elle a développé des engagements associatifs basés sur sa pratique du chant choral : vice-présidente du Choeur de St Guillaume à Strasbourg, présidente du Centre d'art polyphonique d'Alsace (qui a donné naissance à deux associations : Mission Voix Alsace, devenue Cadence, dont elle a été présidente puis vice-présidente et la Maison du Kleebach qu'elle continue de présider), membre du conseil d'administration puis présidente de la Plateforme interrégionale d'échange et de coopération pour le développement culturel, membre du CESER Alsace en tant que représentante des associations culturelles… Elle est membre du conseil d'administration de la Haute Ecole des Arts du Rhin, de la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg, de l'Orchestre philharmonique de Strasbourg et de la mission d'information sur l'Opéra du Rhin. - Grand témoin - Jean-Michel Lucas
Consultant en politique culturelle, humaniste et fervent défenseur des droits culturels, Jean-Michel Lucas est chroniqueur « droits culturels » pour Profession Spectacle. ll met à profit son expérience dans l'administration culturelle, pour préconiser un renouveau des politiques culturelles fondé sur le référentiel des droits culturels des personnes. Ses articles sont recensés sous le pseudonyme Doc Kasimir Bisou. Dernier ouvrage : « Droits culturels : enjeux, débats, expérimentations ». Territorial éditions - Animation - Jean-Pierre Seyvos
Jean-Pierre Seyvos est compositeur et metteur en scène ainsi que formateur et consultant dans le domaine des politiques culturelles. Il a été directeur du CRR de Poitiers, responsable des enseignements artistiques pour la Région Île-de-France, et chef de projet d'une réflexion de fond au niveau national sur l'éducation et les enseignements artistiques. Il a publié également un ouvrage sur la pratique de la musique de chambre en amateur pour l'ARIAM Île-de-France.